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Journée internationale des droits des femmes : la force du nombre

Éditorial

Le Conseil des arts et des lettres du Québec souligne des initiatives artistiques teintées d’une touche féministe dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes.

Planche tirée de la bande dessinée «Suicide total» de Julie Doucet. (Courtoisie / L'Association)
Planche tirée de la bande dessinée «Suicide total» de Julie Doucet. (Courtoisie / L'Association)

Année après année, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, met en lumière nos victoires collectives en matière de luttes féministes et expose les défis qu’il reste à franchir pour l’égalité des genres. Au fil de notre histoire, les luttes féministes se sont enchâssées au milieu des arts ou sont apparues en filigrane dans les œuvres d’artistes, suscitant la fierté et ouvrant de nouvelles voies à l’émancipation féminine.

Dans les derniers mois, de magnifiques projets d’artistes québécoises ont vu le jour, contribuant au développement et à l’essor de notre culture. Le Conseil des arts et des lettres du Québec souhaite souligner certaines de ces initiatives artistiques, teintées d’une touche féministe, dans le cadre de cette journée spéciale.

Déconstruire pour avancer

La réalisatrice et comédienne Ayana O’Shun a dévoilé il y a quelques semaines Le mythe de la femme noire, un long métrage documentaire bouleversant mettant en lumière l’image des femmes noires dans notre société et exposant les stéréotypes de l’hypersexuelle, de l’aimable nounou et de l’insolente colérique. À travers ses entrevues menées avec différentes spécialistes, la cinéaste lève le voile sur les enjeux de racisme, de profilage racial, de colorisme et de stéréotypes de genres.

Par ce film, la réalisatrice espère susciter la réflexion afin de déconstruire ces images négatives inconscientes qui persistent autour de la femme noire, chez les personnes blanches et parfois même au sein même des communautés noires.

Ayana O’Shun a obtenu un soutien du Conseil pour la réalisation de son film en 2019, dans le cadre du Programme de partenariat territorial de Laval.

Un duo musical puissant

L’une a été décorée de l’Ordre des arts et des lettres du Québec This link will open in a new window en 2016. L’autre a obtenu le prix Opus de la Compositrice de l’année This link will open in a new window en 2022. Ensemble, Marie Brassard et Keiko Devaux forment un duo dont le génie visionnaire rime avec l’hors du commun.

Mise en scène par Marie Brassard, l’œuvre L’écoute du perdu est une œuvre lyrique de Keiko Devaux offerte sous la forme d’un opéra de chambre non narratif et expérimental. Cet opéra, présenté en février dernier par l’ensemble Paramirabo This link will open in a new window en coproduction avec Musique 3 Femmes This link will open in a new window et en codiffusion avec Le Vivier This link will open in a new window, interroge le lien affectif au son et la manière dont nous conservons le son et la musique dans notre mémoire, déclenchant ainsi des souvenirs.

Une résidence en recherche et création soutenue par le Conseil a permis à l’équipe de développer sur plus d’une année ce projet ambitieux qui, espérons-le, continuera de voyager dans le temps et générera de magnifiques souvenirs sonores au public qui le découvrira.

Keiko Devaux, lors de la première de L'écoute du perdu, le 3 février.
© Brenden Friesen

La rage intérieure de Miranda Chan

Soutenue par le Conseil dans le cadre du programme Vivacité en 2020, la chorégraphe et interprète Miranda Chan This link will open in a new window a développé un projet infiniment personnel intitulé Political Bodies par lequel elle (ré)imagine un futur collectif libéré et mise sur l’émancipation par le mouvement.

Intégrée à ce projet, son film de danse Fureur collective This link will open in a new window, qui a d’ailleurs remporté un prix au London International Web & Short Film Festival en janvier dernier, s’inspire de l’œuvre Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés. Miranda Chan y reprend l’idée du cercle de femmes utilisé dans d’anciennes communautés pour appeler le féminin divin, et propose une danse rituelle répétitive et rythmée exécutée par un noyau de femmes plus que jamais émancipées formant une représentation moderne de ce cercle rituel.

« Women who become socially, politically, or culturally conscious often find that they have to deal with a collective rage that seeps upward through them again and again.

(Les femmes qui deviennent socialement, politiquement ou culturellement conscientes constatent souvent qu’elles doivent composer avec une rage collective qui s’infiltre à travers elles encore et encore.) »

– Clarissa Pinkola Estés, Femmes qui courent avec les loups

Image tirée du film Fureur collective, de Miranda Chan (Political Bodies)
© Miranda Chan

L’univers sportif au féminin

Avec l’appui du Conseil sous la mesure Création de contenus numériques originaux pour La Fabrique culturelle en 2019, la réalisatrice Claudia Kedney-Bolduc a développé une série de courts documentaires entourant l’univers de cinq sportives de différentes disciplines et exploitant leur passion chacune à leur manière. 

Intitulée J’fais pas ça pour être belle This link will open in a new window, la série nous transporte notamment dans un planchodrome, dans les eaux froides du lac Saint-Jean et dans une salle d’haltérophilie, bref là où la notion de résilience prend tout son sens.

Enseigner et transmettre

Du 8 mars au 8 avril, Duceppe This link will open in a new window propose une adaptation théâtrale de l’œuvre littéraire Manikanetish (Prix littéraire du Gouverneur général 2018) de Naomi Fontaine. Paru à Mémoire d’encrier This link will open in a new window, le roman aborde les thèmes de l’injustice, de la détermination, de la solidarité et de la résilience que vivent les communautés autochtones du Québec à travers les yeux d’une femme innue revenue enseigner sur la Côte-Nord et de ceux de ses élèves qui tentent de se construire une vie qui leur ressemble.

L’adaptation théâtrale de Julie-Anne Ranger-Beauregard met en scène une distribution d’artistes autochtones, dont fait partie l’autrice du livre elle-même. 

La compagnie Jean Duceppe est soutenue par le Conseil via le programme Soutien à la mission.

L'autrice Naomi Fontaine pour l'oeuvre Manikanetish (Crédit photo: Maxyme G. Delisle / Courtoisie Théâtre Duceppe)
L'autrice Naomi Fontaine pour l'œuvre «Manikanetish»
© Maxyme G. Delisle / Courtoisie Théâtre Duceppe

Écrire sans concession

Lauréate du Grand prix du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2022 et sujet d’une grande exposition au même festival cette année, Julie Doucet a le vent dans les voiles depuis la sortie de son dernier ouvrage, Suicide Total (Éditeur L'Association This link will open in a new window). À la fois directe, tranchée et subversive, Julie Doucet est une pionnière de l’autobiographie en bande dessinée et a, sans le savoir, tracé la voie à de multitudes d’illustratrices québécoises et internationales qui racontent aujourd’hui leurs rêves et leurs cauchemars de façon beaucoup plus décomplexée.

Marchant dans les pas de Julie Doucet et ayant elle aussi voyagé à Angoulême cette année (bourse du Conseil en déplacement), l’autrice Julie Delporte y a dévoilé son roman graphique Corps vivante (Éditions Pow Pow This link will open in a new window) dans lequel elle aborde l’histoire de sa sexualité et de son coming out avec, en trame de fond, la culture de la performance et de l’hétéronormativité.

La poésie québécoise fait aussi belle figure en France. La poète Denise Desautels a écrit une page de l’histoire en devenant la première femme québécoise à remporter le Prix Apollinaire en novembre dernier. C’est son recueil Disparaître : autour de 11 œuvres de Sylvie Cotton, publié par les Éditions du Noroît This link will open in a new window, qui lui a valu ce prix qui est considéré comme le « Goncourt de la poésie ».

Pour sa part, l’écrivaine et poète Hélène Dorion deviendra la toute première Québécoise à voir son travail inscrit par le ministère de l’Éducation nationale de France au programme du bac français. Son recueil Mes forêts, aux éditions Bruno Doucey This link will open in a new window, sera proposé aux côtés des œuvres d’Arthur Rimbaud ou de Francis Ponge. 

mes forêts sont mes espoirs debout
un feu de brindilles
et de mots que les ombres font craquer
dans le reflet figé de la pluie
mes forêts
sont des nuits très hautes

(Extrait de Mes forêts d’Hélène Dorion)

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