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Journée internationale des droits des femmes : des voix/voies à travers l’art

Éditorial
«Vue Ouest de la réserve». Impression à jet d'encre et collage
(2010) - Maryse Goudreau, Artiste de l'année en Gaspésie
«Vue Ouest de la réserve». Impression à jet d'encre et collage (2010) - Maryse Goudreau, Artiste de l'année en Gaspésie
© Maryse Goudreau
Année après année, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, met en lumière nos victoires collectives en matière de luttes féministes et expose les défis qu’il reste à franchir pour l’égalité des genres.

Au fil de notre histoire, les luttes féministes se sont enchâssées au milieu des arts ou sont apparues en filigrane dans les œuvres d’artistes, suscitant la fierté et ouvrant de nouvelles voies à l’émancipation féminine.

Encore en 2020, les artistes québécoises ont grandement contribué à l’épanouissement de notre culture. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs été récompensées par le Conseil des arts et des lettres du Québec pour leur génie créateur et leur regard sur notre société en mutation accélérée.

Poésie identitaire

Écrivaine et artiste en arts visuels aux origines crie et métisse, Virginia Pésémapéo Bordeleau (Prix du CALQ – Artiste de l’année en Abitibi-Témiscamingue) a souligné en 2020 ses 40 ans de pratique artistique, entre force et douceur. Animée par le désir de faire connaître la réalité complexe et sensible des peuples autochtones, l’artiste a notamment publié un recueil, Poésie en marche pour Sindy (2018), et réalisé un projet en arts visuels, Les brodeuses (2018), en duo avec l’artiste Guillermina Ortega, qui portaient sur le sujet des femmes autochtones assassinées ou disparues.

« Nous sommes sœurs

Ailleurs que par le lien du sang

Nous sommes sœurs

Dans cette féminitude

Que l’autre moitié du monde

Écrase et tue »

[Extrait du recueil Poésie en marche pour Sindy]

Une exposition rétrospective de sa carrière, intitulée Ourse bleue, a par ailleurs été présentée durant les derniers mois au MA Musée d’art de Rouyn-Noranda, rassemblant une centaine de ses œuvres et dévoilant plusieurs poèmes inédits.

Véritable ambassadrice de sa région et des communautés autochtones, Marie-Andrée Gill (Prix du CALQ – Artiste de l’année au Saguenay-Lac-Saint-Jean) a également brillé durant la dernière année, avec sa plus récente parution, Chauffer le dehors.

Histoires de mémoire

Sans faire de la cause des femmes son principal enjeu artistique, Rébecca Déraspe offre à travers ses récits des points de vue féministes à la fois modernes et nuancés, portant le public à réfléchir la société actuelle sous des angles nouveaux.

Récompensée l’an dernier pour son texte dramatique Ceux qui se sont évaporés (Prix Michel-Tremblay), l’auteure y aborde la disparition d’Emma, une femme menant une vie a priori normale, mais qui, enfermée dans sa propre vie et ses multiples rôles de mère, de fille, d’amie, de conjointe et d’infirmière, choisit de fuir. Inspirée par le phénomène des évaporés du Japon, impliquant chaque année la disparition volontaire de 100 000 personnes, Rébecca Déraspe questionne notamment le besoin d’accomplissement, la pression quotidienne, les attentes des autres et l’envie de tout recommencer.

Hélène Dorion (Prix du CALQ – Artiste de l’année en Estrie) a également été applaudie en 2020, pour la publication de Pas même le bruit d’un fleuve, un roman entre puissance et douceur qui aborde la mémoire des êtres après leur mort.

Le Conseil salue aussi le travail remarquable de Maria-Rosa Szychowska (Prix du CALQ – Artiste de l’année en Outaouais) qui rend hommage à plusieurs figures marquantes par ses fresques sociales, Maryse Goudreau (Prix du CALQ – Artiste de l’année en Gaspésie) qui propose une recherche exceptionnelle sur l’histoire sociale du béluga et Catherine Fauteux (Prix du CALQ – Artiste de l’année dans les Laurentides) qui aborde la maladie de l’Alzheimer de façon très personnelle dans son film Le Pont.

Extrait du roman Pas même le bruit d'un fleuve, de l'auteure Hélène Dorion, Artiste de l'année en Estrie

Des femmes qui ouvrent l’imaginaire

Avec La trajectoire des confettis (Prix des libraires catégorie Roman-Nouvelles-Récit), son tout premier roman, Marie-Ève Thuot a reçu un accueil chaleureux du public et de la critique. L’auteure peint une fresque sociale qui multiplie les points de vue sur l’amour et la sexualité et qui tente de briser certains tabous de la société de façon très décomplexée. Ce roman choral défie les normes sociales et nourrit assurément les rêves d’émancipation et de liberté de nombreuses femmes.

Un projet d’adaptation du roman en série télévisée est en cours au Québec et une version audio, narrée par la comédienne Sophie Cadieux, devrait sortir plus tard cette année.

« Il y avait toujours quelque chose pour déplaire à une partie de l’humanité, tandis que l’autre s’en réjouirait. Elle n’allait pas renoncer à Bastien parce qu’on était incapable de se passer de tabous et préjugés, encore moins au nom de la sacro-sainte nature. « Contre-nature », elle l’avait lu si souvent, ce mot, sur les forums. Mais tout ce qu’on faisait qui était contre nature ! Les anovulants, la dialyse, la chimiothérapie, les traitements de fertilité, les césariennes. La nature était une suite d’erreurs et d’approximations à rectifier. Et les préjugés, des peurs confuses de s’en affranchir. »

[Extrait]

La trajectoire des confettis, par Marie-Ève Thuot
© Les herbes rouges

Naviguant entre littérature environnementale, fantastique et science-fiction, Faunes, le premier roman de Christiane Vadnais (Prix du CALQ - Œuvre de la relève dans la Capitale-Nationale) dévoile un univers qui témoigne d’une prodigieuse créativité intellectuelle.

Grande artisane du bronze, Huguette Joncas (Prix du CALQ – Artiste de l’année aux Îles-de-la-Madeleine), malheureusement décédée durant la dernière année, a su émouvoir son public par l’originalité et l’exceptionnelle qualité de ses œuvres. Son esprit vif débordait d’idées qu’elle faisait vivre, par son art, avec une fine dose d’humour et de poésie.

Des femmes de mouvement

Chorégraphe, interprète et enseignante, Caroline Laurin-Beaucage est devenue une figure bien connue dans le milieu de la danse québécois. Son répertoire, comprenant une dizaine de créations, a été présenté sur plusieurs continents. Sa plus récente œuvre, Intérieurs (Prix du CALQ – Meilleure œuvre chorégraphique au Québec), est le témoignage de sa grande force intérieure et de sa sensibilité féminine, et le public est ainsi invité à plonger dans une exploration de ses profondeurs intimes.

Après avoir présenté près de 200 heures de danse en plein air avec sa création Habiter sa mémoire, Caroline Laurin-Beaucage révèle dans Intérieurs, le monde changeant qui s’est tissé au fil de cette expérience. L’environnement sonore, les projections vidéo et les mouvements portent d’ailleurs les traces des lieux et des personnes rencontrées au fil de ses présentations. L’œuvre fait par-dessus tout référence aux mémoires émotionnelles et physiques que l’interprète laisse ainsi résonner dans son corps.

Pour l’artiste-graveuse Chantal Harvey (Prix du CALQ – Artiste de l’année sur la Côte-Nord), le mouvement prend forme dans la nature, qu’elle arrive à saisir dans toute sa beauté, et qu’elle transmet dans tout son relief, à travers ses œuvres minutieusement accomplies. Pour sa part, Caroline Dusseault (Prix Artiste dans la communauté), célèbre le mouvement et les corps par le biais du Festival Tournant, un événement de danse qu’elle a mis sur pied avec et pour les gens de sa communauté.

Le Conseil est fier de saluer la contribution de ces femmes au développement artistique du Québec et se réjouit de les voir s’exprimer à travers un large éventail de disciplines.

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Dandelion, film de Catherine Fauteux
© Catherine Fauteux

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