Un plan concret pour faire rayonner les arts actuels
30 novembre 2025
Afin de soutenir les arts actuels, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) a décidé d’innover. L’organisation a récemment dévoilé son tout premier plan d’action consacré à la diffusion et au rayonnement de ce secteur avec des investissements de 5 millions sur trois ans.

© Paul Litherland
Les arts actuels regroupent les arts visuels et numériques, le cinéma vidéo, les métiers d’art, la bande dessinée et la recherche architecturale. L’initiative du CALQ donne suite aux conclusions d’un rapport de l’institution sur la diffusion des arts actuels. « Il propose 10 actions donnant les moyens au milieu de poser des gestes en faveur du rayonnement et de la diffusion des œuvres », résume Véronique Fontaine, présidente-directrice générale du CALQ.
Chez VOX, centre de l’image contemporaine, on entrevoit déjà les retombées de ce plan. « Ça nous permettrait de bonifier, mais également de consolider des partenariats dans toutes les régions du Québec. Nous pourrons aussi poursuivre notre développement ailleurs au Canada », se réjouit Marie J. Jean, directrice générale et artistique de l’organisation consacrée à la production et à la diffusion d’expositions.
Un enthousiasme partagé par la commissaire indépendante Ji-Yoon Han et par l’artiste visuelle Geneviève Crépeau, connue sous le nom de Geneviève Matthieu. « Je suis une artiste de région qui a d’abord été présentée au Musée d’art de Rouyn-Noranda, précise cette dernière. Avoir la possibilité de faire circuler des expositions, c’est vraiment une chance. »

© Christian Leduc
Trois axes d'intervention
Le CALQ a axé son plan d’action autour de trois orientations. Il vise tout d’abord à stimuler la concertation entre les différents acteurs du milieu.
« Souvent, les artistes travaillent de façon solitaire sur leur processus créatif, illustre Véronique Fontaine. On avait pour objectif de renforcer les liens entre les créateurs et les diffuseurs comme les musées et les centres d’exposition. Le plan vient encourager ces partenariats »
L’initiative du CALQ a aussi pour ambition d’améliorer l’accès aux collections des institutions muséales. « Parfois, des œuvres québécoises sont découvertes à l’international avant de l’être chez nous, rappelle Véronique Fontaine. On voulait donc s’assurer que ces œuvres rencontrent le public ici aussi. » Et ce, pour susciter un sentiment de fierté auprès des Québécois, incluant les plus jeunes.
Finalement, le CALQ désire amplifier le rayonnement des artistes en arts actuels. « On souhaite disposer d’ancrages pour que les artistes puissent avoir des espaces dans nos institutions muséales québécoises », décrit Véronique Fontaine.
Des artistes qui rayonnent
Selon Marie J. Jean, l’initiative dévoilée par le CALQ pourrait permettre aux expositions instaurées par VOX de circuler davantage auprès des publics. Le centre autogéré présente déjà ses œuvres et se réjouit du soutien annoncé par l’organisation gouvernementale. Depuis 2013, VOX crée des expositions destinées aux jeunes.
« Ce ne sont pas des expositions d’enfants. Elles sont conçues spécifiquement par des artistes actuels à partir des questions qui les intéressent, mais qui s’adressent aux enfants. C’est une approche un peu inusitée dans le milieu des arts, souligne-t-elle. Donc, le soutien à la circulation annoncé dans le plan du CALQ nous intéresse particulièrement. »
Les expositions de VOX voyagent déjà partout au Canada, « mais on a encore beaucoup de partenariats à développer, entre autres dans les communautés francophones hors Québec, avance la directrice générale et artistique. Ça rejoint une logique de développement durable en faisant en sorte qu’une exposition a une durée de vie beaucoup plus longue ».

© Michael Patten/VOX
Pour Geneviève Matthieu, le soutien du CALQ permet aux artistes d’avoir notamment droit à une bourse en circulation d’oeuvres. « Des artistes comme moi sont payés pour installer et transformer l’espace, dit celle qui se trouve actuellement en France et qui s’envolera pour le Japon en mars. Souvent, ce travail de préparation et de montage est bénévole. Ça nous donne les moyens de vivre de notre art. Sans appui, l’exposition n’aurait pas une telle ampleur. »
La commissaire Ji-Yoon Han abonde dans le même sens. « Dans le cas du projet Danseprophétiqueàl’îlebizarre, le soutien du CALQ vient concrétiser les conversations entre Geneviève Matthieu et les diffuseurs en arts actuels pour permettre la meilleure présentation possible de l’œuvre », ajoute-t-elle.
De son côté, Véronique Fontaine espère que le secteur des arts actuels usera du nouveau plan d’action comme levier à ses activités. « Mon plus grand souhait est que ce plan soit bien accueilli et que le milieu se l’approprie et le réalise collectivement. Et nous, on va continuer d’y mettre les moyens. »
Un partenariat avec le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC)
Dans la foulée de la réouverture du MAC, le CALQ annonce un partenariat avec l’institution dans le but de soutenir la relève artistique québécoise. « C’est vraiment inédit, souligne Stéphan La Roche, directeur général du musée. Et cette collaboration s’inscrit dans le temps, on en est donc très fiers. »
Le premier volet de ce partenariat, dont le début est attendu pour mai 2026, se fait dans le cadre du programme Habiter le MAC. Il prévoit des résidences de huit mois à l’espace temporaire du MAC pour deux cohortes comptant chacune six artistes de la relève. « Dans chacune d’elles, le CALQ va appuyer la présence de deux artistes originaires de l’extérieur du Grand Montréal », précise Stéphan La Roche. Le CALQ pourvoira, en effet, à leurs frais de logement et de subsistance dans la métropole.
Ensuite, le CALQ propose une aide à la production d’oeuvres d’artistes québécois en vue de l’exposition inaugurale planifiée pour la réouverture du MAC, en 2028. « Des artistes venant de régions différentes du Québec recevront une bourse. On s’assure ainsi d’avoir des gens de toute la province », ajoute le directeur général.
Finalement, après la reprise des activités du musée, un espace sera consacré à la diffusion d’expositions temporaires. Le CALQ soutiendra la présentation de six d’entre elles durant trois ans, soit deux par année, décrit Stéphan La Roche. « Ça mettra vraiment en valeur les artistes québécois et fera en sorte que la créativité de partout au Québec puisse s’exprimer », entrevoit-il.

© Thibault Carron, MAC
*Ce texte a été publié originellement sur le site du journal Le DevoirCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.