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L’ambition québécoise reprend l’affiche aux quatre coins du monde

Éditorial

Éditorial de la présidente-directrice générale du Conseil, Anne-Marie Jean, sur la reprise culturelle à l'international.

«Hidden Paradise», avec Alix Dufresne et Daniel Parent.
© Maxime Côté

Annulation de tournées, report de présences collectives dans des événements d’envergure, interruption abrupte de résidences de création… Depuis les deux dernières années, jamais notre milieu n’avait vécu une telle tempête, laquelle a non seulement bousculé les habitudes culturelles, mais également forcé du jour au lendemain le retrait de nos artistes de la scène internationale.

Rayonner malgré l’imprévisible

Le parcours des deux dernières années a été jalonné d’obstacles et de remises en question. Il faut toutefois souligner qu’il a aussi connu des remaniements attestant de notre capacité collective d’adaptation.

Depuis quelques mois, les présences collectives en sol international reprennent la route, portées par la réouverture progressive de la majorité des pays aux visiteurs étrangers. Un retour attendu et essentiel, parce que le rayonnement des productions, des compagnies et des artistes du Québec contribue au développement du milieu des arts de la scène dans son ensemble.

En juillet dernier, le talent du Québec brillait avec force au très prestigieux Festival OFF d’Avignon Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. Nommons entre autres le succès retentissant qu’y ont connu les spectacles d’Alix Dufresne et de Marc Béland (Hidden Paradise), de Flip Fabrique (Six°), de Machine de cirque (La Galerie), du Gros orteil (Le bibliothécaire) ou encore des Foutoukours (Glob). Preuve que l’appétit des marchés étrangers pour les créations québécoises est loin d’être éteint, ces derniers sont repartis d’Avignon avec des dates inscrites à leur calendrier pour les trois prochaines années en France. 

À peine quelques semaines plus tard, c’était au tour du Festival Fringe d’Édimbourg Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre d’accueillir des artistes québécois sur ses scènes. Reconnu actuellement comme le plus important festival artistique au monde, le Fringe offre une opportunité sans pareille pour les compagnies qui souhaitent poursuivre leur développement international à plus grande échelle. Le haut niveau de l’offre présentée donne également la chance aux organismes et aux artistes d’évaluer leur positionnement sur le marché.

En août, Andrea Peña était invitée à présenter Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre sa plus récente création en ouverture de la foire Tanzmesse International. En Allemagne, ce festival compte parmi les rendez-vous incontournables de la danse contemporaine, et la danse québécoise y était fort bien représentée au sein d’une importante délégation d’artistes professionnels. Pour la compagnie, il s’agit d’une occasion formidable de faire rayonner son imaginaire auprès de programmateurs de partout sur la planète à l’occasion d’une seule et même représentation. Il y a de quoi se réjouir du retour de l’expression artistique québécoise sur les plus grandes scènes du monde.

À cet effet, soulignons le travail exceptionnel qu’ont accompli les délégations du Québec à l’étranger. En maintenant le dialogue et les liens existants avec les diffuseurs établis sur leur territoire pendant la pandémie, elles ont favorisé l’accueil de toutes ces présences collectives. Nous saluons leurs efforts, absolument essentiels à notre vitalité artistique.

Des liens à entretenir

Si depuis plusieurs mois l’ambition québécoise se fait de nouveau entendre par-delà nos frontières, la reprise culturelle pose encore des défis stimulants, à commencer par la nécessité de renouer les liens avec les différents réseaux de production et de diffusion. Depuis les dernières années, on remarque de nouveaux visages à la tête des compagnies ici et ailleurs. De nouvelles signatures artistiques apparaissent et l’angle des programmations se module. Il est donc primordial de développer de nouvelles relations et d’en renforcer d’autres avec les compagnies étrangères.

Pour y arriver, soulignons notre Mesure d’aide la coproduction internationale, laquelle vise à permettre aux organismes québécois qui produisent des œuvres artistiques de disposer d’un levier financier pour stimuler l’investissement de coproducteurs établis à l’extérieur du Québec. Nous accordons ainsi des subventions sous forme d’appariement, jusqu’à un maximum de 50 000 $, qui s’ajoutent au financement des coproducteurs internationaux.

La mesure de soutien aux spectacles étrangers Accueil d’œuvres de l’extérieur du Québec permet également de soutenir les diffuseurs qui accueillent des œuvres ou productions internationales. Elle contribue ainsi à l’importante réciprocité des échanges artistiques et offre la possibilité aux artistes des quatre coins du monde de venir à la rencontre des publics québécois. Ce soutien donne lieu à des rencontres souvent fructueuses et ouvre la porte au développement de nouveaux marchés stratégiques.

Sortir la création des murs habituels

La sortie de crise nous a également permis de réactiver et de bonifier notre offre de résidences de création à l’international. En permettant aux artistes de séjourner plusieurs mois hors de leur cadre de travail habituel, les ateliers-résidences du Conseil contribuent au renouvellement de l’inspiration et de la création, mais aussi à la fortification d’une diplomatie culturelle vivante, que nous croyons absolument essentielle en cette ère de reprise.

Dans la dernière année, de nouveaux accords d’atelier-résidence ont vu le jour : une résidence de création pour dramaturges en Guadeloupe (une toute première en France outremer), ainsi qu’une résidence à Cuba destinée aux artistes en littérature, en musique, en métiers d’art et en théâtre de marionnettes.

Nous avons aussi mis en place un tout premier programme de résidence exclusivement réservé aux arts du cirque. Les artistes et collectifs de cirque auront ainsi accès, dès l’été prochain, à une résidence de création et de production de cinq semaines à Toulouse, en collaboration avec La Grainerie.

Plusieurs autres sont en négociation et seront prochainement annoncées. La mise sur pied de résidences supplémentaires est une réponse au besoin exprimé par les artistes de reprendre la route pour regénérer, mentalement et physiquement, leur créativité. Que ce soit en Guadeloupe, à Toulouse ou dans l’une de nos 38 autres résidences, les artistes peuvent bénéficier de moyens techniques et d’un accompagnement créatif inestimables.

Une production foisonnante

Avec davantage de temps pour penser et explorer, les dernières années ont été fastes en création, et les offres de production abondent. Les demandes pour la création de nouveaux projets ont explosé au Conseil pendant la pandémie, ce qui a engendré une offre impressionnante de productions, aujourd’hui rendues à l’étape de prendre ou de reprendre la route. Nous souhaitons soutenir ce déploiement, avec l’ambition de les faire voir et entendre ici comme ailleurs.

Le défi sera maintenant de veiller à conjuguer production, développement international et écoresponsabilité, alors que les enjeux environnementaux sont plus que jamais au cœur des préoccupations collectives.

En ligne directe avec notre mission de soutenir le développement artistique des organisations de manière durable, nous avons tout récemment fait l’annonce de l’intégration de l’écoresponsabilité dans la prochaine inscription du Soutien à la mission des organismes, prévue en février 2024. Ce faisant, nous visons à faire en sorte que vos projets sur la scène internationale aient un impact tangible, mais aussi durable. Nous serons à vos côtés pour vous accompagner dans ces réflexions et dans les actions qui en résulteront. 

Coup de chapeau

Enfin, nous ne pourrions passer sous silence le départ d’Alain Paré de CINARS Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, dont la biennale est l’une des plus importantes rencontres internationales des arts de la scène. Cette année encore, CINARS aura rassemblé 1227 professionnels et professionnelles en provenance de 51 pays, dont 442 diffuseurs et observateurs, signe d’un désir fort pour le milieu des spectacles vivants de se retrouver pour construire l’avenir après un long temps d’arrêt.

En fondant CINARS, Alain Paré a doté le Québec d’un levier qui lui a permis de soulever l’univers des arts de la scène. Pendant 45 ans, sa vision, son engagement et ses initiatives ont procuré tremplins et visibilité à des centaines d’artistes et d’organismes, favorisant leur rayonnement international et offrant des retombées économiques sans précédent.

Merci pour tout, cher Alain.

- Anne-Marie Jean
présidente-directrice générale du Conseil des arts et des lettres du Québec

À la suite de sa présentation dans l’exposition « Novalis Terra » en avril dernier au Musée La Piscine de Roubaix, en France, l’œuvre «Vase Saint-Sébastien III» (2021) de l’artiste céramiste québécois Laurent Craste a été achetée par l’institution afin d’être intégrée à sa collection permanente.
© Laurent Craste

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